Dionne-Legendre, Gabrielle
(2021).
« La nouvelle assertivité chinoise : quels enjeux pour la relation entre la Chine et les Philippines? » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
Depuis 2009, de nombreux chercheurs voient, dans la politique étrangère chinoise, un nouveau comportement assertif. À partir de cette année-là, la qualification de la Chine comme nouvellement assertive a littéralement explosé dans les publications spécialisées et les médias. Les exemples généralement cités de cette nouvelle assertivité sont (i) la conférence de Copenhague, en 2009, durant laquelle la Chine
aurait été insultante, présomptueuse et aurait effectué des entraves aux procédures ; (ii) la réaction à la victoire de Liu Xiaobo au prix Nobel ; (iii) la réaction à la rencontre entre le Dalaï-Lama et Obama ; (iv) la résistance aux sanctions imposées par le conseil de sécurité à l’Iran ; (v) de nombreux événements en mer de Chine, notamment la publication de la ligne en neuf traits, l’impasse du récif de Scarborough et ; (vi) la réponse à la détention de chalutiers chinois par la garde cote japonaise, en septembre 2010. Or, à la lecture des écrits, il s’avère difficile de comprendre ce que veut dire une Chine assertive ou, plus largement, de déterminer les caractéristiques d’un État assertif. À la base, l’assertivité fait référence à un type de thérapie développé dans les années 60 qui devait aider les individus à s’affirmer dans le monde contemporain. D’une part, il semble presque impossible de faire la différence entre un comportement assertif et
agressif. D’autre part, les exemples d’une Chine assertive sont nombreux et, souvent, se contredisent. De plus, très peu d’auteurs définissent ce que constitue un comportement assertif. Paradoxalement, la majorité des auteurs qui définissent ce comportement nient que la Chine soit assertive. Le thème de l’assertivité chinoise est majoritairement alimenté par les médias et les universitaires occidentaux. Or, aucun chercheur ne s’est attardé aux perceptions sur le terrain. Les Chinois se perçoivent-ils comme assertifs ? Qu’en est-il de la perception de la Chine aux Philippines ou au Japon (qui, mis à part des États-Unis, sont les pays qui font les frais de cette assertivité) ? En l’absence d’une définition consensuelle, il devient important d’examiner l’hypothèse d’une Chine qualifiée d’assertive et d’essayer de cerner son sens. Le fait d’identifier, de nommer et de définir à un effet performatif. Déclarer que la Chine est nouvellement assertive comporte des conséquences pour la stabilité régionale. Afin de mieux comprendre ce concept, nous nous sommes penchés sur le cas de l’impasse du récif de Scarborough. En avril 2012, des tensions ont surgi entre les Philippines et la Chine, à la suite de la découverte de bateaux chinois autour du récif. Depuis cette impasse, le récif, qui est situé à 200 km du littoral philippin, est nouvellement occupé par la Chine. En 2013, les Philippines ont décidé de faire appel au tribunal d’arbitrage formé en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) afin de décider des revendications chinoises sur la mer de Chine méridionale. La décision arbitrale a largement été en faveur des Philippines. Or, élu en 2016, le président Duterte a décidé de ne pas la mettre en application, en faveur d’un partenariat renforcé avec la Chine.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : relations Chine-Philippines ; constructivisme critique ; enquête terrain