Mercier, Sonia
(2021).
« Ethos du travail contemporain et souffrance psychologique : le cas des cadres de la fonction publique montréalaise » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sociologie.
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Résumé
Cette thèse a comme visée première de contribuer à mieux comprendre le rapport particulier que nous entretenons avec le travail de nos jours. Et, comme visée ultime, d’alimenter et de stimuler une réflexion de fond à propos des liens potentiels entre l’expérience contemporaine du travail et la souffrance psychologique des travailleuses et travailleurs. Le travail prend de plus en plus de place dans nos sociétés et dans nos vies, un modèle productif dominant s’est graduellement installé et un nouveau type de rapport au travail prend forme. En d’autres termes, un ethos du travail type, propre à notre époque, émerge : une majorité de personnes conçoivent le travail et le vivent d’une manière relativement inédite. Parallèlement, les problèmes de santé psychologique des travailleuses et travailleurs se sont multipliés et leur prévalence a pris une ampleur significative. La concomitance de l’émergence d’un ethos du travail nouveau et de la montée des problèmes de santé psychologique nous amène à poser la question suivante : comment l’expérience contemporaine du travail contribue-t-elle aux formes, à l’intensité ou à l’augmentation de la souffrance psychologique des travailleuses et travailleurs? Pour discuter le vaste sujet de l’expérience contemporaine du travail et appréhender la souffrance psychologique des travailleuses et travailleurs, cette thèse privilégie un décloisonnement des disciplines, notamment la psychologie et la sociologie. Nous souhaitons ainsi repenser l’analyse de la souffrance psychologique, malaise emblématique de notre époque, à l’aide d’une grille d’analyse transversale pour ainsi sortir des limites difficilement franchissables des explications psychologisantes et évoluer vers une compréhension plus globale de la situation. Cette étude se propose d’illustrer l’ethos du travail contemporain par l’analyse d’un cas de figure afin de comprendre de quelle manière cet ethos se répercute à la fois sur les expériences subjectives satisfaisantes et les expériences subjectives insatisfaisantes liées au travail vécues par les personnes. Incarnant l’idéal-type de l’ethos du travail contemporain, la catégorie professionnelle des cadres s’est révélée un cas de figure idéal pour la réalisation de cette recherche. Après une présentation générale de la littérature pertinente relative aux fondements théoriques et la mise en perspective de notre problématique, nous expliciterons comment nous avons procédé à l’analyse de 17 entretiens semi-directifs de type qualitatif avec des cadres de la fonction publique montréalaise. Une analyse de contenu à partir de ces entretiens nous a permis de dégager dans un premier temps une description étoffée de l’ethos du travail de ces cadres. Nous avons constaté chez elles et eux une centralité du travail remarquable, la cohabitation de finalités utilitaires et expressives de même qu’une adhésion marquée aux normes managériales. Les cadres se révèlent ainsi pleinement emblématiques de l’ethos du travail contemporain type. L’analyse des propos mentionnés par les cadres nous a permis de relever dans un deuxième temps les principales expériences subjectives satisfaisantes et expériences subjectives insatisfaisantes liées au travail et de décrire les formes sous lesquelles ces expériences se matérialisaient. Le caractère ambivalent des effets de l’expérience du travail sur la santé psychologique est clairement ressorti : l’expérience subjective du travail peut faire du bien, mais elle peut aussi faire mal. Dans un troisième temps, une analyse transversale du corpus des entretiens a permis de dégager quatre avenues d’analyse spécifiques qui ont alimenté notre discussion. Premièrement, un surprenant alignement entre l’ethos du travail contemporain, les normes managériales et les expériences subjectives satisfaisantes liées au travail a été observé. Deuxièmement, il est clairement apparu que les cadres doivent composer avec une forte emprise du travail, autant de manière objective que subjective. Troisièmement, nous avons remarqué que la parentalité change significativement la donne dans le rapport au travail. Quatrièmement, force est de constater que la parentalité, ou plus spécifiquement le cumul des rôles – l’affaires des femmes surtout –, constitue un handicap pour répondre aux exigences associées à la fonction de cadre ; exigences fortement ancrées dans le modèle productif dominant. En conclusion, puisque le cumul des rôles est surtout une affaire de femmes, que de cumuler un deuxième rôle lorsqu’on occupe une fonction de cadre se révèle un handicap et que les cadres incarnent l’ethos du travail contemporain type, qui à son tour est directement arrimé aux normes managériales et donc à ce qui est attendu par les employeurs, on ne peut que se demander finalement si hommes et femmes sont égaux devant le modèle productif dominant. Une réflexion de fond s’impose.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : travail, ethos du travail, souffrance psychologique, détresse psychologique, travailleurs, cadres.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF / A. |
Directeur de thèse: |
Otero, Marcelo |
Mots-clés ou Sujets: |
Travail -- Aspect social / Santé mentale au travail / Souffrance / Satisfaction au travail / Cadres (Personnel) |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de sociologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
05 nov. 2021 10:55 |
Dernière modification: |
05 nov. 2021 10:55 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/14777 |