Baret, Caroline
(2020).
« Parentalisation contrariée chez les jeunes en difficulté : articulation de la mémoire et de l'affiliation familiales à la lumière du travail de deuil » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
En partenariat avec l’organisme communautaire montréalais Dans la rue, cette recherche doctorale s’est intéressée à la parentalisation chez les jeunes adultes vivant des situations de grande précarité. Elle s’inscrit dans une recherche plus extensive du GRIJA – le Groupe de recherche sur l’inscription sociale et identitaire des jeunes adultes – qui vise à comprendre la récurrence de dysfonctionnements familiaux entre les générations, notamment celle de la maltraitance et de la victimisation, chez les jeunes en difficulté. Cette population particulière, régulièrement appelée « jeunes de la rue », cumule plusieurs problèmes psychosociaux dans un contexte de précarité et de désaffiliation (Elliott, 2013 ; Gaetz et al., 2016 ; Levac et Labelle). Leurs difficultés commencent bien souvent dans l’enfance ou au cours de l’adolescence (Lussier et Poirier, 2000 ; Poirier et al., 1999). La maltraitance, la négligence, le désengagement parental ou des conflits majeurs avec leurs parents peuvent être des facteurs les amenant à des fugues répétées ou à une expulsion du foyer familial. Du fait de ces dysfonctionnements familiaux importants, l’intervention de la Protection de la jeunesse est fréquente dans leur parcours. Or, la grossesse est une réalité pour de nombreuses jeunes femmes en situation de précarité à Montréal et dans certaines grandes villes du Canada (Haley et al., 2005, 2006 ; Novac et al., 2002 ; Leclerc et al., 2013). Même non désirée ou imprévue, la grossesse peut être investie par les femmes pour changer de mode de vie : arrêter la consommation, trouver un logement, s’engager dans un emploi, renouer contact avec la famille. Néanmoins, les obstacles et les défis semblent parfois trop nombreux pour parvenir à un changement de trajectoire pérenne. Dans ce contexte tumultueux, la répétition des difficultés familiales est au cœur des préoccupations des jeunes parents (Gilbert et Lussier, 2013), mais aussi des intervenants soucieux de la protection de l’enfant et de la souffrance des parents (Chamberland et al., 2007 ; Pagé et Moreau, 2007). Afin de mieux comprendre la parentalisation sociale et psychique des jeunes en situation de précarité, nous avons rencontré en entretiens 12 jeunes parents (6 hommes et 6 femmes) fréquentant ou ayant fréquenté un organisme d’aide aux jeunes en difficulté (Dans la Rue). Les participants étaient invités à parler de leur famille, en répondant à une consigne principale uniforme permettant liberté et spontanéité du récit. L’analyse en profondeur des verbatim a suivi une méthodologie qualitative à deux niveaux inductifs (Gilbert, 2007, 2009 ; Paillé et Mucchielli, 2012). Dans un premier temps, l’analyse thématique a nourri une description riche de l’expérience de la parentalité, soit le vécu subjectif des parents à travers leur récit. Dans un deuxième temps, l’analyse par catégories conceptualisantes a permis la théorisation du travail de mémoire familiale à partir de la métaphore de la photographie de la famille (méthode spécialement conçue
pour cette thèse). Ainsi, ces deux volets d’analyse ont soutenu la rédaction de deux articles de résultats abordant : l’auto-exclusion parentale prenant le sens de solution paradoxale pour éviter les défaillances parentales à l’égard de l’enfant (Baret et Gilbert, 2015) et les mécanismes de mémoire familiale entravant l’élaboration des traumatismes et des deuils intrafamiliaux (Baret et Gilbert, 2017). La parentalisation des jeunes en ifficultés semble compliquée par la persistance des attentes de réparation à l’égard des figures parentales,l’échec du processus d’autodétermination parentale et d’autonomisation psychique, ainsi que par le sentiment d’injustice profond à l’égard de la famille et de la société. La distance
entre la figure parentale idéale qu’ils souhaitent incarner et la réalité de leur fonction parentale est source de conflits intrapsychiques importants. Du point de vue clinique, il s’agirait d’accompagner la prise de conscience de cet écartèlement psychique entre le désir d’être un « parent merveilleux » et l’identification au « parent maltraitant ». Le travail de mémoire pourrait les aider à accepter que l’histoire qui s’écrit pour leur enfant ne soit pas une réécriture de leur propre histoire, ni uniquement de l’ordre de la réparation. C’est pourquoi nous avons développé l’idée du travail de deuil nécessaire à la parentalisation : le deuil de l’enfance et des parents idéalisés de l’enfance. L’objectif final de cette recherche doctorale est de proposer de nouveaux savoirs sur le plan théorique et sur le plan des pratiques.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Parentalisation ; Jeunes ; Précarité ; Désaffiliation ; Travail de deuil ; Auto exclusion ; Mémoire familiale ; Sociopsychique ; Approche qualitative ; Psychanalyse
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A. |
Directeur de thèse: |
Gilbert, Sophie |
Mots-clés ou Sujets: |
Jeunes de la rue / Jeunes sans-abri / Condition de parents / Précarité sociale / Travail de deuil |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de psychologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
26 oct. 2021 09:55 |
Dernière modification: |
26 oct. 2021 09:56 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/14769 |