Tissières, Nathalie
(2021).
« Regards de psychologues sur leur pratique en contexte interculturel » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
La réalité multiculturelle de la société québécoise a des implications pour la psychothérapie. La plupart des recherches portent leur attention sur les réactions des patients face à la différence ethnoculturelle. Toutefois, la rencontre clinique est une relation entre « deux porteurs de culture », d’où l’importance de comprendre l’influence des facteurs culturels non seulement dans le transfert du patient, mais aussi dans le contre-transfert du clinicien. Cette thèse est composée de deux articles qui abordent selon différents angles la question de la conflictualité dans le contexte de la clinique interculturelle. Le premier article traite des enjeux auxquels sont confrontés les psychologues appartenant à une minorité culturelle. Quant au deuxième article, il aborde les conflits suscités chez les psychologues par la rencontre avec l’altérité culturelle et leurs effets sur le contre-transfert. J’ai rencontré sept psychologues de diverses origines à deux reprises. Lors de la première entrevue, des dessins d’enfants de trois origines différentes leur ont été présentés. J’ai invité les participants à me parler de ce que ces dessins leur évoquaient. Cette première rencontre a servi de déclencheur des réflexions recueillies dans l’entrevue suivante qui abordait leur pratique clinique et leur histoire d’immigration dans le cas des psychologues immigrants. La méthodologie utilisée est qualitative et s’inspire du cadre théorique de la psychanalyse. Du fait de leur origine, les psychologues issus de l’immigration ont posé un regard unique sur les dessins et ont proposé des interprétations auxquelles d’autres psychologues n’ont pas pensé. Toutefois, certains participants ont démontré une certaine inhibition à émettre des commentaires qui viendraient pointer les regards sur leur identité culturelle complexe, laissant ainsi supposer une conflictualité autour de leurs appartenances culturelles. Les psychologues ont évoqué un plaisir à rencontrer des patients de la même origine qu’eux ainsi qu’une impression de bien les comprendre, tout en se gardant de trop insister sur ces aspects positifs, craignant peut-être que cela ne vienne discréditer leurs compétences professionnelles. Par ailleurs, les expériences de discrimination de certains participants ont eu un impact sur leur identité de psychologue, en les conduisant à mettre en place différentes stratégies de protection : la recherche d’un milieu de travail accueillant envers la différence, notamment les milieux multiculturels, la recherche de contrôle, en intellectualisant par exemple ou encore une grande vigilance quant aux rapports de pouvoir. Le deuxième article fait ressortir que les psychologues ont eu tendance à se montrer prudents, voire excessivement prudents lorsqu’il s’agissait de faire un commentaire qui prenait en compte l’origine des enfants. Les interprétations culturelles portaient le sceau de l’interdit : on y pense tout de suite, spontanément, mais on ne peut pas le dire par peur de paraître faire une généralisation grossière ou de véhiculer un préjugé raciste. Par ailleurs, ce malaise était particulièrement marqué quand il était question des inégalités ethnoraciales. Finalement, un autre aspect du contre-transfert culturel a été mis en évidence, soit la possibilité d’éprouver de la colère ou de se sentir heurté par certaines attitudes de patients appartenant à une minorité culturelle. Un fil conducteur se dégage des deux articles, celui du malaise dans la culture. Dans le cas des psychologues issus de l’immigration, il se traduit par une difficulté à assumer pleinement la complexité de leurs appartenances culturelles et, dans le cas du contre-transfert de tous les psychologues (peu importe leur origine), il transparait dans un certain évitement des questions culturelles. Les deux articles ont également en commun d’avoir mis en évidence un aspect plus spécifique du malaise dans la culture, celui entourant les inégalités ethnoraciales, en particulier l’impact de la discrimination sur la clinique. Dans la discussion finale, je porte ma réflexion sur les différentes façons de rendre le contre-transfert culturel plus « élaborable ». J’y avance notamment que les résultats de cette recherche jouent en faveur de l’introduction, dans les formations et les supervisions, de la notion de sécurité culturelle qui me semble plus constructive que celle de compétences culturelles.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : contre-transfert culturel, psychothérapie interculturelle, dessins d’enfants, psychologues issus de l’immigration, inégalités ethnoraciales.
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF / A. |
Directeur de thèse: |
Krymko-Bleton, Irène |
Mots-clés ou Sujets: |
Communication interculturelle en psychothérapie / Contre-transfert / Psychologues / Immigrants / Dessins d'enfants / Culture et psychologie |
Unité d'appartenance: |
Faculté des sciences humaines > Département de psychologie |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
28 oct. 2021 10:33 |
Dernière modification: |
28 oct. 2021 10:33 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/14756 |