Zongo, Tawendé Hervé Gérald
(2020).
« Le rôle du développement financier sur le lien entre les flux de capitaux et la croissance économique » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en économique.
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Résumé
Cette thèse explore le rôle du développement financier domestique sur la relation entre les flux de capitaux extérieurs et la croissance économique. Pour étudier cette relation, cette recherche est constituée de trois articles scientifiques. Dans le premier article intitulé “Financial Development and Capital Flows: Appraisal of the « Allocation Puzzle » by Schumpeterian Growth" (co-écrit avec Wilfried Koch) nous explorons le rôle du développement financier pour expliquer la corrélation négative entre les entrées de capitaux et le rattrapage de la productivité. Comme observé dans les données, les pays à taux de croissance de la productivité plus élevés exportent des capitaux tandis que les pays à taux de croissance de la productivité plus faibles reçoivent des entrées de capitaux positives. Ceci est en contradiction avec les prédictions du modèle de croissance néoclassique standard. Gourinchas and Jeanne (2013) ont appelé ce paradoxe le « puzzle d’allocation ». Sous l’hypothèse d’un marché du crédit parfait, notre modèle de croissance schumpétérien calibré prévoit également une corrélation positive entre les entrées de capitaux et le rattrapage de la productivité par rapport à la frontière technologique. Nous montrons que le « puzzle d’allocation » est plus large qu’on ne le pensait auparavant. Il peut en fait être généralisé à un échantillon plus large qui couvre plus de pays et une période plus longue. Nous introduisons ensuite des contraintes de crédit dans un modèle de croissance schumpétérien calibré pour répondre à ce paradoxe. Notre principal résultat indique que, lorsque le niveau de développement financier empêche les pays de rattraper leur retard par rapport à la frontière technologique mondiale, les pays importent des capitaux pour compenser leur niveau insuffisant d’épargne intérieure. Le second article “External Capital and Economic Growth in Developing Countries : The Threshold Effect of Financial Development" fournit des preuves empiriques sur l’effet non linéaire du capital extérieur sur la croissance économique. Il analyse les flux agrégés, ainsi que les flux privés et publics séparément. À l’aide de deux méthodes économétriques, je montre qu’il existe un niveau de développement financier au-delà duquel le capital agrégé commence à favoriser la croissance économique. Sinon, les flux de capitaux agrégés nuisent à la croissance économique. La distinction entre les types de flux montre que les flux publics sont nuisibles, tandis que les flux privés stimulent en général la croissance lorsque le développement du marché financier n’atteint pas le seuil. Une analyse plus approfondie des flux privés montre qu’un pays avec un marché financier qui fonctionne bien bénéficie des flux d’IDE et des flux de dette privée. Concernant les flux de portefeuille d’actions, ils favorisent la croissance économique en dessous du seuil estimé et ralentissent la croissance sinon. Le développement des marchés financiers domestiques est essentiel pour que les pays profitent des flux d’IDE et de la dette privée, mais aussi pour éviter les effets négatifs des flux publics. Le dernier article intitulé “Bilateral Cross-border Banking Flows: The Role of the Financial Development of Host and Source Countries", analyse le rôle du développement financier des pays d’origine et d’accueil sur les flux bancaires transfrontaliers. L’effet du développement financier sur les flux de capitaux, en particulier sur les flux bancaires transfrontaliers, reste sous-exploré dans la littérature. Cet article tente de combler cette lacune en fournissant des preuves empiriques. En utilisant les données sur les flux bancaires bilatéraux de la Bank for International Settlements (BIS), j’évalue la réactivité des transactions des banques transfrontalières à une différence entre les marchés financiers domestiques et étrangers. L’étude utilise des variables instrumentales pour répondre aux problèmes d’endogénéité ainsi que des effets fixes appropriés pour mieux identifier le rôle du développement financier. Les données concernent les activités transfrontalières bilatérales entre banques dans 24 pays vers des banques et des non-banques dans 165 pays entre 1990 et 2015. Le principal résultat suggère que les flux bancaires vont des marchés financiers fonctionnant bien aux marchés financiers sous-développés, uniquement lorsque l’opération est financée par un titre de créance. Sinon, c’est-à-dire lorsque l’instrument de financement est le prêt et le dépôt, je montre que les banques des pays disposant d’un marché financier développé prêtent davantage aux non-banques des pays disposant également de marchés financiers qui fonctionnent bien. Les résultats concilient l’ambiguïté sur la relation entre les conditions financières domestiques et les flux de capitaux dans la littérature en montrant que la relation peut être positive ou négative, selon l’instrument de financement et le secteur emprunteur. Je trouve également que les marchés financiers étrangers et nationaux se complètent pour les flux bancaires transfrontaliers.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : croissance schumpétérienne, flux de capitaux, contrainte de crédit, développement financier, productivité, croissance économique, effets de seuil, panel dynamique à effet de seuil, flux de capitaux bilatéraux, flux bancaires transfrontaliers