Arias, Diana Jimena
(2020).
« Étude des interactions visuelles corticales dans la synesthésie » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.
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Résumé
L’objectif général de cette thèse est de mieux comprendre la nature de la synesthésie en étudiant chez les synesthètes les processus de base de la perception visuelle, notamment ceux ayant comme origine ou opérant dans le cortex visuel. La synesthésie est un phénomène perceptif à travers lequel un stimulus évoque une sensation additionnelle et inhabituelle. Bien que la genèse du phénomène ne soit pas encore bien comprise, il est souvent proposé que la synesthésie découle d’une altération de la connectivité entre différentes aires cérébrales, possiblement en raison d’une irrégularité d’élagage synaptique qui s’observe normalement pendant les premières années de vie. Ainsi, le cerveau synesthésique se caractériserait par une activité et une connectivité atypiques impliquant les régions fronto-pariétales mais également que les régions sensorielles. La région visuelle du traitement de la couleur
est la plus étudiée. La synesthésie est surtout abordée du point de vue des réseaux ou des régions situés dans le haut de la hiérarchie du traitement de l’information (V4, régions fronto-pariétales). Les processus visuels de bas niveau demeurent à l’heure actuelle peu
explorés. Pourtant, bien que modestes, certaines études suggèrent que le cortex occipital dont l’aire V1 participent à la synesthésie.
Sur cette base, le premier objectif spécifique de cette thèse était donc d’évaluer l’intégrité des interactions latérales visuelles afin de déterminer si des mécanismes visuels locaux de V1 seraient altérés dans la synesthésie, reflétant ainsi une connectivité atypique. Ainsi, l’intégrité des connexions locales du cortex primaire
visuel a été évaluée à l’aide de potentiels visuels évoqués enregistrés à Oz en utilisant le paradigme windmill/dartboard chez un groupe de synesthètes et un groupe de sujets contrôles. Des analyses de variance effectuées sur les indices d’interactions latérales calculés n’ont mis en évidence aucune différence significative entre les deux groupes, malgré le fait que les synesthètes affichaient une faible cohérence du signal à certaines composantes de la réponse cérébrale. Ces résultats suggèrent que les mécanismes locaux d’interactions latérales chez les synesthètes ne sont pas atypiques. Le deuxième objectif spécifique de la thèse aborde un autre mécanisme impliquant des interactions interoculaires dans le cortex visuel (V1), soit le phénomène perceptif de suppression interoculaire. Il s’agit d’examiner, plus précisément, si la synesthésie se manifeste lorsque les stimuli synesthésiques deviennent temporairement invisibles en raison de la suppression interoculaire. Pour ce faire, le paradigme de suppression par flash, adapté par notre laboratoire à un contexte de synesthésie, a été utilisé. Un groupe de synesthètes et un groupe contrôle ont été exposés à des conditions expérimentales où la suppression interoculaire était réelle ou mimée (alternance des stimuli en l'absence de suppression par le flash). Les analyses de variance effectuées ont mis en évidence que, comparativement aux contrôles, les synesthètes détectent plus rapidement tous les stimuli, incluant les stimuli non synesthésiques. Néanmoins, aucune différence au regard de la performance n’a été observée entre les deux groupes pour la condition avec suppression interoculaire produite par le flash. Ces résultats suggèrent que la suppression perceptive créée par le flash n’est pas altérée chez le synesthètes. La synesthésie requiert donc la conscience visuelle pour se produire. Les études de cette thèse montrent que chez les synesthètes des processus ayant opérant dans le cortex visuel, telles les interactions latérales et la suppression interoculaire, ne sont pas atypiques.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : synesthésie, cortex visuel primaire, interaction latérale, suppression interoculaire, conscience visuelle