Mathieu, Félix
(2020).
« Les nations fragiles : trajectoires sociopolitiques comparées » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en science politique.
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Résumé
Cette thèse compare sur le temps long la trajectoire sociopolitique de cinq nations non-souveraines : la Catalogne en Espagne, le Tyrol du Sud en Italie, l’Irlande du Nord au Royaume-Uni, la Wallonie en Belgique et le Québec au Canada. Elle propose une analyse sociopolitique visant à faire ressortir les singularités et les éléments de convergence dans l’évolution des rapports de force entre les organes des communautés nationales non-souveraines et ceux de l’État souverain. En s’inscrivant dans l’horizon théorique et normatif du nationalisme libéral, elle analyse d’un point de vue critique l’impact de la nature constitutionnelle d’un État – soit-il unitaire, fédéral, ou encore doté de mécanismes consociatifs – sur la capacité des nations non-souveraines à développer de manière autonome les institutions clefs de leur culture sociétale. En adaptant le cadre analytique de l’Index des cultures sociétales, trois principales aires institutionnelles sont identifiées : la reconnaissance, l’autonomie gouvernementale et l’autodétermination politique. Il s’agit des ancrages institutionnels nécessaires pour que les nations non-souveraines puissent définir librement les contours de leur destinée politique. À l’inverse, il est entendu qu’une architecture constitutionnelle qui refuserait de les reconnaître comme des demoi singuliers, et légitimes de s’autogouverner et de s’autodéterminer, contribuerait d’autant plus à les fragiliser. D’une part, en mobilisant ce cadre d’analyse, chaque cas est systématiquement comparé aux autres quant à leur capacité institutionnelle relative. En examinant le contenu des textes constitutionnels, des mesures législatives et des politiques publiques, cette thèse pose un nouvel éclairage afin de dresser un état des lieux des ressorts institutionnels dont disposent les nations non-souveraines pour « faire société » à travers leurs propres paramètres organisationnels. D’autre part, en étudiant l’évolution des luttes de pouvoir, elle entreprend d’interpréter et de comprendre l’impact des conjonctures critiques et des points tournants qui ont contribué à ériger et à consolider les fondations des régimes politiques contemporains. En remontant jusqu’au XVIIIe siècle, c’est ainsi que l’auteur montre l’émergence et les mutations des sentiers institutionnels en fonction desquels les nations non-souveraines peuvent (ou non) exercer un contrôle plus ou moins significatif sur leur être et leur devenir politique. Ainsi, à partir de la perspective des communautés nationales non-souveraines, l’objectif poursuivi consiste à mieux comprendre et interpréter les conditions sociopolitiques qui conduisent à leur fragilité relative. En outre, cette thèse a pour vocation de répondre au questionnement de recherche central suivant : – Depuis le XVIIIe siècle, quelles sont les principales singularités et convergences qui se dessinent au sein des trajectoires sociopolitiques des nations non-souveraines? Plusieurs sous-questions aideront également à structurer et à préciser le développement de l’argumentaire : – De quelles manières les rapports de force entre les nations non-souveraines et les organes de l’État souverain ont-ils évolué au cours des derniers siècles? – Quel est l’impact de l’ordre constitutionnel et de la nature institutionnelle de l’État sur la capacité des nations non-souveraines à développer et à consolider de manière autonome leur culture sociétale? – Quels sont les conjonctures critiques et les points tournants qui ont contribué à la formation des « sentiers institutionnels » en fonction desquels les mutations constitutionnelles de l’État se sont opérées? – De quelles manières les États souverains pourraient-ils évoluer, afin de dégager une plus grande autonomie institutionnelle pour leur diversité nationale interne? – Pourquoi devraient-ils s’engager dans une telle direction? Au final, la thèse défendue est la suivante : bien davantage que ne le représentent la reconnaissance et l’habilitation politique et constitutionnelle des communautés nationales non-souveraines, ce sont les forces centralisatrices qui, par leur rigidité, limitent le plus l’avènement de systèmes politiques équitables devant l’expression légitime de multiples demoi au sein d’un même État. Qui plus est, l’intransigeance du groupe majoritaire constitue généralement un frein significatif à l’atteinte d’une stabilité politique, où conflits et tensions seraient aménagés de manière constructive, et sublimés au moyen d’un processus délibératif et politique. Par conséquent, il importe moins que l’on se trouve en contexte unitaire ou fédéral, que l’architecture constitutionnelle sur laquelle s’érige le système politique fasse preuve d’ouverture et de souplesse afin d’accommoder la présence, en son sein, d’une pluralité de communautés nationales.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Nation, Souveraineté, État, Démocratie multinationale, Fédéralisme, Asymétrie institutionnelle, Politique comparée, Analyse sociopolitique, Catalogne (Espagne), Tyrol du Sud (Italie), Irlande du Nord (Royaume-Uni), Wallonie (Belgique), Québec (Canada).
Type: |
Thèse ou essai doctoral accepté
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Informations complémentaires: |
Fichier numérique reçu dans le cadre du dépôt numérique et enrichi en format PDF / A. |
Directeur de thèse: |
Gagnon, Alain-G. |
Mots-clés ou Sujets: |
États non souverains -- Aspect sociologique / États multinationaux / Nation / Souveraineté / Fédéralisme / Pouvoir politique / Autonomie politique / Politique comparée / Catalogne (Espagne) / Irlande du Nord / Québec (Province) / Tyrol du Sud (Italie) / Wallonie (Belgique) |
Unité d'appartenance: |
Faculté de science politique et de droit > Département de science politique |
Déposé par: |
Service des bibliothèques
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Date de dépôt: |
17 janv. 2021 12:26 |
Dernière modification: |
17 janv. 2021 12:26 |
Adresse URL : |
http://archipel.uqam.ca/id/eprint/13859 |