Martin Labrosse, Gabriel
(2019).
« Trap or Die : le gangsta rap contemporain du sud des États-Unis et ses rapports à la mentalité hégémonique du rêve américain » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en science politique.
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Résumé
L'enfant terrible du gangsta rap, le trap, natif des quartiers défavorisés du Sud des États-Unis, dessine une Amérique où succès s'accorde paradoxalement avec criminalité et violence. Trap – littéralement piège – réfère à l'activité, au lieu et à l'état d'esprit qui accompagne la vie criminalisée, mais s'est désormais codifié musicalement et a connu un succès commercial considérable. À travers une analyse de discours croisée du mythe du rêve américain et d'œuvres du trap, cette recherche interprétative et qualitative mesure quelle forme prend dans le langage des trappers cet ensemble sociodiscursif central à l'identité nationale aux États-Unis. Peut-on parler d'une reproduction, d'une contestation ou d'une négociation du sens du rêve américain? Les écrits de Stuart Hall, théoricien des cultural studies, sur Antonio Gramsci, la culture populaire, l'idéologie, l'hégémonie, l'articulation et leur poursuite dans les hip-hop studies fondent théoriquement l'analyse de discours sur l'œuvre de cinq rappeurs emblématiques du trap, s'étalant de 2005 à 2017. Pour y arriver, cette forme culturelle est remise en contexte : le trap est un sous-genre gangsta du rap du sud provenant d'Atlanta, métropole post-industrielle du « New South » épris d'un paradoxe entre ses ambitions néolibérales, son legs raciste et son industrie culturelle effervescente. Le rêve américain est défini et appliqué grâce à une analyse sociohistorique inspirée des travaux sur la « mentalité hégémonique » de Dan O'Meara, directeur de la recherche. Ignoré de la science politique, le trap prend une forme culturelle spécifique où les classes sociales et l'ethnicité sont représentées de manière déstabilisante pour les fondements moraux de l'Amérique blanche conservatrice. Néanmoins, ces représentations ne bousculent pas la définition hégémonique néolibérale du rêve américain. La recherche veut, avec la théorie culturelle marxiste, rapprocher théoriquement le mythe sociopolitique et la musique populaire, en plus de considérer cette dernière comme lieu d'intérêt pour la science politique.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Trap, rêve américain, hégémonie, hip-hop studies, cultural studies.