Sonntag, Emmanuelle
(2018).
« Charlotte écoute un max : première formulation scientifique d'une sociologie-écoute » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sociologie.
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Résumé
Où l’écoute en est-elle aujourd’hui ? Depuis le début du 20e siècle, avec le développement de la téléphonie, de la radio et des techniques d’enregistrements, la définition de l’écoute est la même : porter attention à ce qui parvient à nos oreilles. Pourtant, consulter son fil Twitter relève-t-il de l’écoute, alors qu’il n’y a rien à entendre ? La jeune Charlotte, lorsqu’elle communique par écrit sur son téléphone intelligent, dans des pratiques conversationnelles qui s’étalent sur plusieurs heures, écoute-t-elle ? On serait tenté de répondre positivement, pourtant ce simple fait ne se reflète que fort peu dans la recherche scientifique sur l’écoute. Celle-ci semble se contenter, voire se complaire, dans une acceptation sonore de la notion, la cantonnant le plus souvent aux Études du son (Sound Studies), aux Études médiatiques ou aux Communications. Du fait du contexte numérique, l’écoute change-t-elle ? Quel regard la sociologie peut-elle porter sur l’objet-écoute ? En quoi l’écoute peut-elle contribuer à la pratique de la sociologie et à son renouvellement ? Quelles seraient les conséquences de nouvelles formes de l’écoute sur la pratique réflexive des sociologues ? Qu’est-ce qu’« être à l’écoute » de son objet ? L’hypothèse de travail est la suivante : si l’écoute n’est plus (ou est moins) sonore, elle continue cependant de se mouvoir sur les propriétés du son, à savoir les propriétés méthexiques. La stratégie scientifique se déploie alors en trois pans. Le premier pan consiste à remonter en amont de la notion, à la rencontre de l’écoute (le métier) du XIIe siècle, de la sœur écoute dans les monastères cloîtrés qui écoute les conversations de parloirs et les rapporte à la mère supérieure, du médecin auscultateur ou encore de l’écornifleur (en français du Québec) qui « écoute aux portes ». Le deuxième pan de la stratégie scientifique consiste à élaborer des tactiques, des points de passage et de contournement de façon à dépasser l’acception sonore de l’écoute. La thèse se déploie ainsi sur des territoires tels que la bibliothèque, le bureau, la scène de théâtre ou encore la murale-graffiti. Le troisième pan de la stratégie consiste à travailler les dimensions de l’écoute : faire une recherche « sur » l’écoute autant qu’une recherche « à » l’écoute, et « avec » l’écoute. C’est ce qui est désigné dans la thèse sous le terme de « sociologie-écoute ». Théorique et méthodologique, la recherche doctorale conduit, en suivant la forme du nœud d’écoute (un nœud marin), qui tient la thèse autant que lui donne la possibilité de se dé-faire facilement et rapidement, à une écoute contemporaine repensée et revue. Envisagé dans sa flottance, sa lecturité des différences, sa distribution et sa viralité, le futur de la sociologie-écoute s’annonce alors prometteur.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : sociologie, écoute, méthexis, théâtre, écouteurité, documentalité, écorniflure, veille, qui-vive, alerte, numérique, échostéthoscope, badaudage, sœur écoute, auscultatrice, écouteur, écornifleur, lecturité des différences, distribution, viralité, flottance, nœud d’écoute, valence.