Les grands projets urbains à Montréal entre 1985 et 2010, changements dans la gestion publique et l'action collective

Hernández, Salvador David (2018). « Les grands projets urbains à Montréal entre 1985 et 2010, changements dans la gestion publique et l'action collective » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études urbaines.

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Résumé

Cette thèse se concentre sur l’étude des grands projets urbains (GPU), considérés comme des sphères d’influence de la mondialisation, tant sur le plan de la gestion publique que de la protestation à Montréal entre 1985 et 2010. Elle est composée de trois études de cas et vise à éclaircir les changements dans les rapports entre les acteurs urbains en ce qui a trait à la planification urbaine. Les hypothèses émises sont : 1) la mondialisation a entraîné une reconfiguration de la gestion des GPU et une augmentation de l’influence du secteur privé dans la planification territoriale, avec pour conséquence une transformation des rapports conflictuels et de coopération entre les acteurs liés à ces projets, et 2) le rapprochement entre les intérêts privés et les intérêts gouvernementaux dans le cadre de la gestion des GPU a transformé la protestation. La tension entre mouvements sociaux, groupes citoyens, gouvernements et investisseurs s’est accrue. Cela a impliqué des changements dans le type d’actions collectives déployées par les communautés. Sur le plan théorique, nous réalisons une synthèse des rapports entre GPU, crise, forme de régime et état d’exception. Dans ce cadre, nous comprenons les GPU comme étant des objets d’analyse qui conjuguent, sur le plan empirique, l’étude de l’action collective, les politiques publiques et les conflits. Dans ce contexte, les GPU constituent une forme d’intervention et de planification de l’État destinée à augmenter les avantages comparatifs d’une région vis-à-vis de la concurrence internationale afin d’attirer davantage de capitaux et d’investissements (Swyngedouw et al., 2002 ; Fainstein, 2008). La plupart du temps, ces projets sont effectués en collaboration étroite avec le capital privé et ont des effets majeurs sur la structure urbaine et sur les dynamiques économique, sociale et politique des villes qui les mettent en œuvre. Dans notre première étude, nous réalisons une analyse de l’évolution de la planification et de la gestion des GPU à Montréal entre 1985 et 2010. Ensuite, à partir d’une analyse de la base de données de la Chaire sur les conflits socioterritoriaux et la gouvernance locale, nous décrivons l’évolution des conflits associés aux GPU à Montréal entre 1985 et 2010. Nous y analysons l’évolution des acteurs qui participent aux conflits, les sujets abordés et le type d’actions collectives réalisées. Nous constatons que la gouvernance urbaine est fortement axée sur les GPU et influencée par la dynamique des capitaux liés à la mondialisation et à l’augmentation des avantages comparatifs. Les changements institutionnels (assemblées publiques, consultations, réforme municipale) ont eu des impacts majeurs sur les types d’actions déployées par la société civile. La médiatisation des conflits liés aux GPU ne prend pas en compte la participation grandissante des acteurs privés dans la planification de l’espace urbain. Cependant, nous démontrons que les tensions se sont accentuées au cours de cette période, reflétant la divergence entre les intérêts des communautés, des acteurs privés et de l’État. Dans la deuxième étude, nous réalisons une généalogie des conflits dans un micro-espace local pour comprendre leurs relations historiques sur les plans intra et extra-spatial entre 1985 et 201 O. Pour ce faire, nous reconstruisons — au moyen de l’analyse de la presse, d’entretiens et d’une révision d’archives — l’histoire des conflits associés au territoire avoisinant la maison de La Fontaine, connue comme l’îlot Overdale, entre 1985 et 2010. Nous soulignons les liens historiques entre les différents conflits et les répertoires de contestation au fil du temps, ainsi que les rapports étroits entre l’administration municipale et les promoteurs immobiliers pendant les différents régimes urbains, malgré l’incorporation de la politique de consultation publique. Pour la troisième étude, nous développons une analyse diachronique de l’évolution administrative et politique du projet du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et de l’évolution de l’action collective dans le territoire touché par son implantation (limite entre les quartiers Saint-Henri et Notre-Dame-de-Grâce, et de la ville indépendante de Westmount) entre les années 2000 et 2010. L’étude diachronique de l’action de l’État et de la protestation nous permet de voir les logiques géographiques, institutionnelles et scalaires des conflits et des intérêts des acteurs. Finalement, nous analysons les possibilités et les limites d’intégration du projet, ainsi que l’influence de trois répertoires de contestation différents dans les trois territoires étudiés. La construction du mégaprojet du CUSM a fait entrevoir deux transformations paradigmatiques dans l’histoire des GPU à Montréal : d’une part, des transformations institutionnelles ont visé à mettre en place des mécanismes de dialogue permanents entre les développeurs et les communautés touchées par le projet. D’autre part, on observe une transformation qualitative de l’action collective, qui s’est orientée vers une plus grande coordination entre les différents acteurs en provenance de quartiers très différents, tant au point de vue de leurs intérêts respectifs que de leurs répertoires de contestations. En considérant les résultats dans leur ensemble, nous pouvons souligner l’orientation « entrepreneuriale » de l’administration municipale et la transformation de la gouvernance de la Ville ces dernières années par : 1) l’orientation de la planification vers la concertation entre différents acteurs politiques et économiques à différentes échelles impliquant la création de nouvelles instances de planification et de concertation régionales, et 2) la coordination sectorielle des GPU par la création d’agences autonomes et d’organismes de coordination entre acteurs publics et privés. En ce qui concerne l’action collective, nous notons une augmentation des actions collectives associées aux GPU, une radicalisation de la protestation et une augmentation des conflits au fil du temps. Enfin, nous avons observé une transformation importante de la coordination des actions, particulièrement en ce qui concerne le projet du CUSM. ___________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : grands projets urbains, gouvernance urbaine, politique publique, action collective, protestation, îlot Overdale, CUSM, Montréal

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Trudelle, Catherine
Mots-clés ou Sujets: Grands projets urbains / Rénovation urbaine / Urbanisme / Montréal -- Administration / Politique publique / Action collective / Contestation / Conflits sociaux
Unité d'appartenance: École des sciences de la gestion > Département d'études urbaines et touristiques
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 13 mars 2019 08:16
Dernière modification: 13 mars 2019 08:16
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/12335

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