Desrochers, Caroline
(2018).
« La recherche sur la vie des personnes trans : le point de vue de personnes concernées » Mémoire.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en travail social.
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Résumé
Ce travail étudie le point de vue des personnes trans et la manière dont leurs situations sont représentées dans la recherche. Il a pour but de suggérer des pistes méthodologiques, théoriques et éthiques aux chercheurs qui s’intéresseront aux vies trans. L’objectif est d’explorer et de comprendre le point de vue de personnes trans francophones. Il s’agit de se demander comment leurs situations sont traitées dans les ouvrages scientifiques et comment elles aimeraient qu’elles soient considérées dans les travaux qui seront développés au Québec. Les chercheurs cisgenres ont largement pu imposer ce qui est connu et véhiculé dans la recherche sur les vécues trans. Plusieurs théoriciens issus de la communauté militante trans anglophone, notamment Namaste (2009), Dean Spade (2006), et Serano (2007), dénoncent fermement la manière dont certains travaux cis ont constitué les identités trans, relativement à un groupe culturel minoritaire dominé et continuent de contribuer au maintien de la position de vulnérabilité sociale dans laquelle se trouvent plusieurs personnes trans. Au Québec, l’étude des situations trans suscite l’intérêt des chercheurs francophones depuis quelques années. Cet engouement engendre la recrudescence d’inquiétudes au sein de la population trans. Ces inquiétudes peuvent être abordées en regard d’un débat scientifique à propos de la question des savoirs situés (standpoint epistemology), entamé depuis longtemps dans le domaine général des sciences sociales. Dans le contexte d’émergence des sujets trans dans les milieux de recherche francophones, ce débat sert d’ancrage théorique à cette recherche. Celle-ci questionne le lien existant entre les savoirs qui sont légitimés à propos des réalités trans, les positions sociales occupées par les personnes qui sont en mesure de produire et valoriser ces savoirs, ainsi que la manière dont ils sont développés. Treize personnes trans ou ayant un parcours trans ont été rencontrées à l’occasion de deux séries d’entrevues non dirigées, en petits groupes. Cette recherche dévoile quatre principaux constats. D’abord, on dénote une inquiétude générale en raison du manque d’informations de recherche accessibles aux personnes trans sur les situations qu’elles vivent. Ensuite, une critique est adressée à propos de la documentation existante ainsi que de la manière dont elle a été amassée. Puis, il y a un désir très profond que la recherche ait comme visée première d’être utile aux personnes trans, en apportant les réponses nécessaires à la compréhension de leurs vécus. Finalement, il est souhaité que la recherche s’intéresse à la compréhension et à la reconnaissance des différents aspects qui composent les points de vue, les besoins, les individualités et les compétences des personnes trans, en interrelation avec les autres, dans une société cisnormative.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : savoirs, recherche cisnormative, identités trans, militants trans, point de vue situé, reconnaissance