Brême, David
(2018).
« La figure de la mère, Mirra Alfassa (1878-1973) : une analyse des hybridations culturelles de ses représentations » Thèse.
Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sciences des religions.
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Résumé
L'objectif de cette thèse est d'explorer la généalogie et l'hybridation des représentations collectives de la figure de « la mère divine » dans le contexte du Mouvement Mère-Aurobindo et de l'émergence de la nation indienne. Il s'agit d'une recherche comparative qualitative se fondant d'une part, sur une étude d'un corpus de textes en relation aux publications de Sri Aurobindo (Aravinda Ackroyd Ghose, 1872-1950) et de la Mère (Mirra Alfassa, 1878-1973) et, d'autre part, sur une analyse empirique effectuée au printemps 2013 de 28 verbatims de répondants provenant des sites indiens de l'Ashram Sri Aurobindo à Pondichéry, d'Auroville au Tamil Nadu et du Centre Sri Aurobindo de Montréal. Mirra Alfassa était une amie d'Alexandra David-Néel (1868-1969) et une peintre impressionniste parisienne ayant connu Gustave Moreau (1826-1898) et Auguste Rodin (1840-1917) avant de s'installer à Pondichéry de 1920 à 1973. Sri Aurobindo était un yogi bengali exilé à Pondichéry en 1910, après avoir été un leadeur politique pour l'indépendance de l'Inde et du mouvement souverainiste swaraj, notamment de 1905 à 1910. La question de recherche est : comment se déploie l'hybridité culturelle des représentations littéraires, politiques, sociales et mythiques de la Mère entre 1878 et 2013, en prenant en compte avec une approche postcoloniale, la vision qu'avait Sri Aurobindo de « la mère divine », la performance de « la Mère Universelle » par Mirra Alfassa et la réception de cette figure par leurs disciples? La posture de recherche adoptée découle de l'approche postcoloniale de Homi K. Bhabha et de sa théorisation de l'hybridité culturelle. Des perspectives critiques féministes et postcoloniales (Saïd) sont utilisées en appui, ainsi que le concept de vécu mythique par Michel Boccara, le concept de charisme de Max Weber et le concept d'interdiscursivité de Donald Bruce. Dans un premier temps, l'étude interdiscursive de la figure de « la mère divine » dans la littérature de Sri Aurobindo retrace son enracinement culturel et religieux provenant des Veda, des Purana, d'épopées indoues et de la Renaissance bengalie (Chatterji, Ramakrishna, Vivekananda, Sister Nivedita), hybridant culture occidentale et indoue. Cette recherche montre qu'au début du XXe siècle, la figure de « la mère divine » était souvent associée à une fonction sociopolitique instrumentale, associant l'Inde à la Mère et visant à l'émancipation de la colonisation britannique. Ultérieurement, après avoir rencontré Mirra Alfassa en 1914, Sri Aurobindo a reconfiguré « la mère divine » par l'écriture d'un poème épique de plus de huit-cents pages, Savitri et par la nomination, en 1926, de Mirra Alfassa en tant que la Mère, avatar de « la mère divine » et responsable de son ashram. À la suite du décès de Sri Aurobindo en 1950, la figure de « la mère divine » évolue par la performance de la Mère dirigeant l'Ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry et ses disciples, recevant Nehru et Indira Gandhi, fondant des écoles et Auroville, en 1968. La lecture de sa performance a notamment été réalisée à partir de L'Agenda de Mère, un ouvrage de treize volumes constitué d'entretiens avec son disciple Bernard Enginger, dit Satprem (1923-2007). Dans un troisième temps sont explorées des représentations de la Mère par ses disciples ou ses sympathisants grâce à une observation participante. Une discussion critique achève cette recherche, qui insiste sur son caractère exploratoire, en questionnant la pertinence méthodologique de l'usage de l'entretien semi-directif adopté dans le contexte de ce terrain peu exploré et en comparant les avantages et les inconvénients des approches postcoloniales de Homi K. Bhabha et d'Edward Saïd.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : hybridité culturelle, postcolonial, La Mère, Mirra Alfassa, Aurobindo