Deblock, Christian
(1999).
« Sur les comptes extérieurs des pays de l’ALENA ».
Chroniques des Amériques.
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Résumé
Les trois pays signataires de l’ALENA ont ceci en commun d’avoir arrimé la croissance de leur économie à la croissance des marchés internationaux et, partant, fait de la politique commerciale la pièce maîtresse de leur politique économique. Rares sont aujourd’hui les pays qui n’ont pas opté pour une telle approche. Il ne s’agit pas tant là d’un engagement doctrinal en faveur du libre-échange que d'un choix stratégique en faveur d’un modèle qui vise tout autant à créer un environnement favorable à la croissance en économie ouverte qu’à apporter aux pays concernés une plus grande sécurité économique sur la scène internationale. Ce modèle, en tant qu’il associe étroitement croissance et sécurité, coopération et rivalité, intérêts privés et intérêt national, je le qualifierai de mercantiliste libéral. D’un pays à l’autre, il prend des formes différentes, plus ou moins explicites d’ailleurs, mais dans tous les cas, comme il en va de tout modèle résolument trouvé vers l’extérieur, il a ses exigences, des exigences fortes. Exigence de résultat tout d’abord, sur le plan commercial comme sur celui de la croissance et de la création d’emplois. Exigence de compétitivité ensuite, sur le plan des prix comme sur celui des avantages absolus. Exigence d’efficience enfin, sur le plan productif comme sur le plan des ressources. Il demande également une maîtrise de ses paramètres, notamment un degré de convergence très fort entre deux logiques différentes : logique d’entreprise d’un côté, logique d’État de l’autre. De même qu’une certaine maîtrise des situations qui se présentent et des réactions des autres acteurs aux actions qui sont entreprises. Bien que ce soit avec des préoccupations différentes, le Mexique, le Canada et les États-Unis ont cherché à travers l’ALENA, mais aussi par d’autres voies, à se donner les moyens de rencontrer ces exigences et, partant, de mieux contrôler les différents paramètres du modèle. Avec des résultats fort contrastés toutefois, et de surcroît qui sont loin de rencontrer les attentes initiales. Tout en concentrant l’analyse sur les comptes extérieurs, je tenterais de mettre en lumière les différentes dimensions du modèle pour chacun des trois pays, ce qui me permettra d'avancer quelques hypothèses sur ses résultats. Je reviendrai en conclusion sur le concept de mercantilisme libéral que j’introduis pour désigner le modèle.