Benessaieh, Afef
(1999).
« Les Amériques de mai à octobre 1999 ».
Chroniques des Amériques.
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Résumé
La dévaluation du real en janvier dernier et ses répercussions économiques et politiques continuent de mettre le Mercosur à dure épreuve. Si la crise monétaire a eu pour effet de relancer le débat sur la dollarisation, le Brésil, dont l’économie semble traverser la crise beaucoup mieux que la plupart des observateurs l’avaient anticipé, a saisi l’occasion au bond pour rouvrir un autre dossier : celui de la monnaie unique au sein du Marché commun du cône sud (Mercosur), voire de l’Amérique latine dans son ensemble. Une rencontre présidentielle des six pays-membres et associés du Mercosur pendant la troisième semaine de juin a permis la signature d’un accord qualifié de "Maastricht d’Amérique latine". L’accord souligne la nécessité d’une plus grande coordination des politiques économiques (déficit budgétaire , taux d’inflation, déficit au compte courant, dette publique, etc.) et ce, dans la perspective de passer plus rapidement au marché commun et, éventuellement, à une union monétaire à l’européenne. À l’appui de sa proposition (encore officieuse), le Brésil évoque l’argument qu’une unification monétaire latino-américaine permettrait de niveler les dynamiques économiques respectives et de diluer l’impact d’une crise particulière sur l’ensemble de la région. Autre avantage : une monnaie unique empêcherait les manipulations monétaires à des fins protectionnistes ou de promotion commerciale, voire financières. Le cas spécifique de l’Argentine, qui a adopté un système de taux de change fixe amarré au dollar US sans avoir au préalable consulté ses partenaires du Mercosur, est ici cité en contre-exemple. La rigidité du peso n’a pas laissé l’Argentine cette marge de manœuvre qui lui aurait permis de réajuster les changes et d’amortir ainsi l’impact de la dévaluation du real ; elle a eu en outre des conséquences défavorables sur son commerce extérieur.