Vers une poétique de la mélancolie : un voyage existentiel au coeur de l'oeuvre « Melancholia » de Lars Von Trier

Mousseau, Catherine (2025). « Vers une poétique de la mélancolie : un voyage existentiel au coeur de l'oeuvre « Melancholia » de Lars Von Trier » Thèse. Montréal (Québec), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie (Essai doctoral).

Fichier(s) associé(s) à ce document :
[img]
Prévisualisation
PDF
Télécharger (1MB)

Résumé

Suspicieusement mise à l’écart dès l’émergence de la psychiatrie moderne, reléguée au sort de l’artiste maudit ou réservée aux extrêmes les plus morbides des troubles de l’humeur, la mélancolie se présente malgré tout et encore aujourd’hui chargée de sa riche, fascinante et encombrante histoire. Dignement prostrée au carrefour de la médecine, de la philosophie et de l’art, cette notion prodigieuse passionne et rebute tout à la fois. C’est que la mélancolie semble adresser la cosmicité de l’être-au-monde dans toute sa complexité, de même qu’elle convoque une lucidité et une sensibilité si exceptionnelles qu’elle peut se révéler aussi destructrice que créatrice, aussi désespérante que porteuse d’espoir. Il n’est donc pas étonnant qu’il fallût un réalisateur aussi controversé que Von Trier pour oser poser au coeur d’une de ses oeuvres l’incarnation d’un phénomène aussi troublant, envoûtant et menaçant que la mélancolie. Paru en 2011, le film Melancholia met en scène une tragédie existentielle où, parallèlement à la longue et agonique chute dans le désespoir du personnage Justine, ne se trame rien de moins que la fin du monde dans l’attente d’une collision fatale entre la planète éponyme et la Terre. Par une plongée dans les profondeurs obscures du film Melancholia, la présente recherche doctorale permet l’apparaître d’une conception nouvelle et poétique de la mélancolie. Défendant tout du long sa valeur ontologique en ce que la mélancolie nous ramène tous à une origine perdue et à l’être d’avant l’Autre, nous voyons comment Melancholia semble contre toute attente nous dire que du fond de la nuit noire et abyssale peut rejaillir la lumière et reparaître l’espoir; et que par et pour l’autre – ici reconnu dans le personnage de Leo – Justine se révèle capable de passer de la passivité destructive à la capacité dépressive. La mélancolie se dévoile alors comme un mouvement incessant pour surmonter la perte originaire, une dynamique existentielle permettant ou compromettant l’inscription du sujet dans le langage et dans l’horizon du monde, et ce, selon la dialectique fondamentale qui lie le manque au désir. Pour mieux décrire et comprendre le vécu mélancolique de Justine, celui-ci est approché comme sujet d’étude interdisciplinaire à la croisée de l’herméneutique existentielle, de la psychanalyse et de la phénoménologie. Ainsi, le premier chapitre est consacré à apporter un éclairage riche et nuancé sur l’émergence, la pertinence et les spécificités propres aux divers courants qui supportent notre démarche compréhensive. Puis, au chapitre second, c’est toute l’histoire de la notion de mélancolie dans les arts et les sciences qui est survolée, depuis la Grèce Antique jusqu’aux psychiatres phénoménologues. Les chapitres trois, quatre et cinq constituent quant à eux le corps véritable de l’exploration existentielle de l’oeuvre Melancholia. C’est dans ces sections que, travaillant notamment avec les écrits de Minkowski, Binswanger, Dufourmantelle et Kristeva, sont élaborés les liens tissés avec la clinique de la mélancolie; de même qu’est approfondie la signification ontologique du phénomène. Puisant autant dans le langage de la psychanalyse que dans la tradition judéo-chrétienne, le vécu mélancolique de Justine est compris à travers le mythe fondateur de la Chute, le récit abrahamique et les personnages tragiques d’Hamlet et d’Ophélie. Nous y voyons de plus comment Melancholia fait apparaître un monde en manque de cosmicité, en manque d’autre et, conséquemment, en manque d’horizon et de temporalité humaine. Enfin, adjoignant nos réflexions à celles de Levinas, Jager, Porée et Bachelard, nous en venons à comprendre la fin du film tel un big bang poétique, et interprétons la création par Justine d’une cabane magique comme sa réouverture soudaine et inespérée à l’altérité de l’autre, en même temps que la revitalisation de son imaginaire. Ce retournement poétique dévoile dès lors une mélancolie qui, s’étant portée à la rencontre de l’angoisse, de la perte et de Thanatos, se retrouve en force aux origines de l’Eros, de l’amour, de l’éthique et de la transcendance. Nous suggérons pour conclure que l’espace de la rencontre psychothérapeutique peut devenir le lieu où, offrant dans un premier temps un cadre à l’existence infernalisée du mélancolique, nous pouvons accueillir et humaniser la solitude radicale et anéantissante qui menace de l’engloutir. Il s’agira ensuite, pour le thérapeute, de donner corps à cette attente de l’Autre qui s’ignore; d’incarner l’autre assumé, l’absent présent, le présent absent, l’inconsolable secourable et espérant. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : mélancolie, Melancholia, herméneutique existentielle, psychanalyse, phénoménologie, imagination

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Thiboutot, Christian
Mots-clés ou Sujets: Mélancolie / Melancholia (Film cinématographique) / Lars von Trier / Critique et interprétation / Mélancolie au cinéma
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de psychologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 04 nov. 2025 16:14
Dernière modification: 04 nov. 2025 16:14
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/19219

Statistiques

Voir les statistiques sur cinq ans...